Les liens du sang, Shuzo OSHIMI, T.1

Un manga récompensé du Fauve de la série lors de l’édition 2023 du Festival d’Angoulême.

Shuzo OSHIMI est un auteur qui aime dépeindre l’adolescence et le mal-être qu’elle peut déclencher chez les jeunes, amenant des individus « normaux » à sombrer dans l’obscurité et à franchir les limites de la légalité. Il est aussi connu et reconnu pour la construction particulière de ses histoires : des pages se retrouvent souvent sans texte, et c’est le dessin qui fait tout. En effet, un très gros travail est porté sur le graphisme avec notamment des visages très réalistes, des gros plans, un jeu avec les trames et le clair-obscur. Le rendu est extraordinaire car avec peu de mots et juste le dessin (mention spéciale pour les yeux), il réussit à nous faire ressentir des émotions bien différentes et à nous mettre mal à l’aise via des situations que l’on juge, nous, pas normales. Ce qui n’est pas le cas pour les protagonistes, amenant une forme de dissonance entre le lecteur et le personnage. Et c’est particulièrement le cas ici, car l’auteur alterne les points de vue et joue sur les différentes perceptions entre les personnages. Pour renforcer ce réalisme, et l’ambiance, il change aussi son type de dessin, passant d’un dessin lisse à un dessin haché, ou change la forme des bulles de texte. Nous avons donc un scénario brillant!

Dans cette histoire, Seichi est un adolescent banal, effacé, ne disant jamais ce qu’il pense. Il vit au sein d’une famille sans particularité. En apparence seulement, car très vite on comprend que la relation entre le fils et la mère est dysfonctionnelle, ce que perçoit le cousin de Seichi, Shige, et sa mère.

Leur quotidien se poursuit pourtant normalement jusqu’au jour où la famille part se balader en montagne, avec celle du cousin et les grands parents. Tout va alors basculer puisque Seiko, la mère de Seichi, va pousser Shige du haut de la montagne.

Plus rien ne sera comme avant pour Seichi qui va alors commencer une lente descente aux enfers, entrainé par la folie de sa mère, de plus en plus visible. Quand cela cessera-t-il ? Seichi se brisera-t-il ou réussira-t-il à s’échapper ?

Encore une belle réussite pour ce maître du réalisme et de l’adolescence à découvrir dans les bibliothèques parisiennes.